Ma thèse

De l’aube au crépuscule de notre vie, nous sommes conduits au gré d’un corps, « meilleur ennemi », en somme, puisqu’il nous constitue en tant qu’individu à part entière tout en nous menant à notre propre perte. Compagnon jusqu’alors fidèle, ce corps abrite désormais un intrus, support d’un probable changement d’apparence susceptible de brouiller les pistes spéculaires pour le sujet. Or, notre rapport à la mort est teinté d’opacité. Cette puissance que nous imaginons avoir sur notre corps, sorte de rempart au temps qui passe, vole en éclat dés lors que l’insensé se produit ; en d’autres termes, lorsque le cancer vient faire effraction en son sein. Si l’annonce d’une maladie grave et génératrice des pires angoisses vient intérioriser une menace de mort, elle provoque avant tout un traumatisme d’une rare violence qui menace l’intégrité de la personne et vient s’inscrire dans une histoire de vie où chacun de ses membres s’en trouve concerné. Il est alors question de l’impact que certaines reviviscences sont susceptibles de provoquer chez un individu qui devient acteur dans cette épreuve de la maladie grave. En effet, la pratique auprès des personnes atteintes de cancers nous rappelle à notre condition d’êtres mortels par l’imaginaire qui se greffe inévitablement à la représentation de ce que l’Homme appelle la « maladie du siècle ».