Marjorie Lombard
Docteure en psychologie, approche psychodynamique
Psychologue clinicienne et psychothérapeute
Sexologue, spécialisée en droits humains
Chargée d'enseignements universitaires
Marjorie Lombard
Docteure en psychologie, approche psychodynamique
Psychologue clinicienne et psychothérapeute
Sexologue, spécialisée en droits humains
Chargée d'enseignements universitaires

L'épreuve du confinement


Nous entendons en boucle des mots terrifiants : GUERRE, CONTAMINATION, MORT, MÉDECINE DE CATASTROPHE avec sélection de patients, ou encore CONFINEMENT. Comment rester serein dans cet univers d'irréalité où les termes relatifs à la guerre s'entrechoquent ? Quand l'irréalité se trouve renforcée par le caractère soudain de la déclaration ? Par ailleurs, comment lutter contre un ennemi invisible, comment réaliser l'urgence de la situation quand on est tenu à l'écart de celle-ci ? Le seul contact avec cette "non réalité", pour la plupart d'entre vous, reste le biais des médias qui, en boucle, répètent l'"inentendable". Sans doute avons-nous besoin d'entendre et de ré-entendre pour inscrire ce fait de réalité auquel, la nature voudrait que nous nous y opposions, forme de rébellion psychique nous poussant à substituer à l'idée du confinement, une "vacance" des contraintes quotidiennes. Or, chaque message télévisé nous y rappelle. Vous écrire aujourd'hui pour éclairer ce que, peut-être, vous percevez déjà, à savoir qu'être ainsi envahi par un sentiment d'impuissance est susceptible de nous ramener vers tout un flot d'angoisses archaïques. Plus que la peur de tomber malade (qui parfois ressemble au "tomber mourir" dans le cadre de fantasmes jugulés à la réalité médiatique) c'est la peur d'être contaminé qui semble dominer. L'enfant, en pensée magique, croit en la contamination de la mort, de vieilles angoisses qui remontent à la surface, le plus souvent sous une forme masquée. Quand, au retour de vieux fantômes, se conjuguent l'impossibilité d'évacuer l'angoisse alors, être sous l'injonction du confinement nous donne la sensation d'être maintenu de force, image irréelle de liens qui nous immobiliseraient, pour le bien de tous, entendez-vous énoncer. Or, maitriser le retour de conflits psychiques est impossible, ce qui l'est, par contre, c'est l'environnement émotionnel. Prendre soin de ce contenant pour vous offrir les meilleures ressources face aux vieux fantômes qui se laissent parfois entrevoir. L'humanité a besoin, elle aussi de ressources qu'elle puise aujourd'hui au travers de la SOLIDARITE, du RESPECT et de la FRATERNITE, notamment, ce qui semble représenter des valeurs essentielles mobilisées avec force. L'inédit de cette situation nous conduit à vivre une véritable épreuve, potentiellement, chacun d'entre nous en ressortira plus fort, à condition de nous ouvrir à nous-même et aux autres, l'ouverture face à la fermeture des frontières et des portes des domiciles. Agrandir notre espace ne peut-être que par l'intérieur, par la voie de la méditation, de la respiration, du yoga. Densifier notre relations aux autres en investissant différemment le lien d'altérité, en partageant avec les siens, des sentiments profonds susceptibles de se traduire par des moyens de communication modernes comme le téléphone, textos, mails, réseaux sociaux, etc. Au nécessaire mouvement (pulsion de vie), nous nous sentons contraints à l'immobilité, à chacun d'engager une mobilisation des esprits (le retour de la contemplation, de la lecture) et aussi des corps (connaissez-vous le jeu de l'oie du corona ?). Alors face au cauchemar du confinement, je finirai par citer le poète, Christian BOBIN, énonçant que, comme les arbres ont besoin d'eau et de lumière pour vivre, l'Homme a besoin de solitude et d'échanges.  Mais, comment être seul dans un espace confiné avec d'autres "lions en cage" ? Créer et respecter ces moments où vous vous ouvrez à vous-mêmes et que chacun de vous songiez à ce que vous pouvez apporter aux autres dans la traversée d'une épreuve qui nous rassemble, plus que jamais. L'épreuve du confinement est d'abord l'épreuve de la rencontre dans cet "entre-soi", à la condition que nous apparaissons comme un bon compagnon pour nous-même, peut tout autant permettre de sublimer cette injonction du confinement. Une telle suspension du temps peut, en effet, s'avèrer bienfaisante pour celui ou celle qui transcende, qui crée à partir de ce qui pourrait autrement passer pour du vide. Etre "pressé" au quotidien par un rythme soutenu constitue, en ces temps troublés, une permission qu'en à "être" dans un au-delà du "faire". En commun, nous avons notre vulnérabilité, littéralement, "celui qui peut être atteint" alors même que la modernité nous en éloigne. Nous y voici tous rappelés à l'ordre tandis que s'offre à nous la possibilité de nous reconnaître comme frères d'humanité faisant face à un ennemi commun. Quand l'amour de l'autre se pose comme le meilleur des antidotes.


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