Abstract de ma recherche en Sexologie

DIU Sexologie clinique et sexothérapie - Mention santé sexuelle et droits humains

Université Paris Diderot – Faculté de médecine Bichat - 2021-2023
 

Présenté par : Marjorie LOMBARD

Titre : « Dans l’après-coup des violences sexuelles infantiles »
 

Je vois donc je désire : dans quelle mesure capacité et fantaisies sexuelles sont-elles marquées par l’effraction psychique de viols précoces ?

Résumé : Jadis, nous nous serions peut-être amassés devant l’œuvre de Füssli mettant en scène le théâtre privé du clair-obscur d’une chambre, dévoilant un corps féminin contorsionné, sous le poids de l’incube, chevauchant. Rendus voyeuristes d’une scène de cauchemar, l’opportunité est offerte au spectateurs et lecteurs de saisir l’allégorie pour questionner l’imaginaire sexuel à l’œuvre chez les victimes survivantes de violences sexuelles infantiles. Telle une jument noire (night-mare) poursuivant le rêveur, le fantasme de l’artiste se fait « apparition », et rejoint, à cet égard, la clinique du trauma. Dans cet après-coup, l’évènement résonnerait-il tel un spectre fantomatique transperçant l’imaginaire, réduisant le sujet en une marionnette articulée, sous le spectre de l’agresseur ? Ce peut-il qu’un jeu de transformation soit engagé par le sujet, devenu auteur et metteur en scène de son propre théâtre intime ? Autrement dit, surgissement fantomatique ou résidu fantasmatique, c’est le voile que cette recherche va tenter de lever afin d’enrichir la clinique de l’intime, quand s’y opposent habituellement gêne et silence. Cependant, le sexologue, garant d’une éthique professionnelle, ne peut « siéger » dans ce cinéma mental sans y avoir été convié par son patient. Or, ouvrir la voie aux fantasmes égodystones n’est pas chose aisée. Puisque la fantaisie siège là où la place est vacante, depuis que les fantasmes originaires ont fait l’objet d’un refoulement, n’encombrent-ils pas cette aire de créativité remis au goût du jour du réel traumatique ? Entre intrusion, érotisation atypique et pauvreté fantasmatique, la clinique de nos patients met la lumière sur une sexualisation défensive susceptible d’affecter leur santé sexuelle. Nous interrogeons ainsi par la méthode du cas clinique l’empreinte laissée par ces violences sur le psychisme en mouvement de Cassandre, Sarah, Achille et Eve. Le déguisement fantasmatique est-il encore à leur portée ? A moins que l’incube n’agisse comme un corps étranger colonisant l’espace psychique, au mépris du plus élémentaire des principes de plaisir…